Un autre regard sur le plaisir féminin

En écoutant les femmes et leur propre définition du plaisir, des chercheurs américains orientent leurs études plus sur le plaisir que sur la réponse sexuelle objective. Les études sur le point G ont révélé son pouvoir antalgique.
Pour commencer : il y n'a pas d'expérience orgasmique unique. L'orgasme peut être vécu de manière très différente par les uns, les unes et les autres. Pour certains, c'est l'objectif de tout rapport sexuel. Pour d'autres, cela peut être un "cercle d'expressions dont chacune est une fin en soi". Et, entre les deux, d'autres facteurs peuvent se combiner, culturels, sociaux, et pourquoi pas biologiques…
De la jouissance finale aux plaisirs concentriques
Si la première attitude - l'obsession du but -  est la plus répandue, remarque Timmers, la seconde, la quête du plaisir, semble plus l'apanage des femmes.
Or, pendant longtemps, seul l'orgasme comme objectif unique à tout acte sexuel a été pris en considération par les chercheurs.
Quitter ce prisme, écouter les femmes, leur propre définition du plaisir a ainsi permis de découvrir le point G, mais aussi un fonctionnement de l'orgasme très différent de celui qu'éprouve l'homme.

De l'influence de la stimulation vaginale sur la douleur

Point GUn exemple particulièrement frappant des trouvailles de ces dernières années est le rôle antalgique de l'orgasme féminin par la stimulation du point G. Sa compréhension, en particulier pour les accouchements peut se révéler primordiale. Des études menées par Whipple et Komisaruk dans les années 80 ont en effet montré que "la stimulation des vagins d'un lot de rats de laboratoire déclenche une résistance à la douleur au moins égale à l'action de 10 mg/kg de morphine". Il fut ainsi découvert que le point G avait un rôle certain pour aider les femmes à accoucher à moindre douleur. Une observation particulière menée à Mexico permit en outre de voir qu'un régime riche en piments détruisait cet effet anti-douleur, ce qui impliquait une plus grande souffrance pour les femmes mexicaines lors de leur accouchement.

Un orgasme indépendant de la moelle épinière

Grâce à des études menées par les mêmes chercheurs dans les années 90 auprès de femmes dont la moelle épinière était complètement sectionnée, on s'aperçut alors que l'orgasme, que l'on savait être une réponse du cerveau à des stimuli locaux (vagin, clitoris, etc.) pouvait exister sans passer par la moelle épinière : l'hypothèse étudiée actuellement étant que les stimuli et réponses passeraient par un nerf, dit "vague", court-circuitant la moelle épinière. 

Les multiples chemins du plaisir

B. Whipple fait remarquer combien ces recherches peuvent conduire à des traitements améliorant beaucoup la vie des femmes, si on continue à explorer les potentialités de ce nerf vague. On pourrait influer " sur le pronostic, la réinsertion et la qualité de vie " des femmes dont la moelle est sectionnée. Plus généralement, il deviendra possible "d'exploiter ces données dans un but thérapeutique, par exemple pour le contrôle de la douleur et l'amélioration des réactions sexuelles".Beaucoup de recherche reste à faire dans le domaine de la sexualité féminine, les réactions sexuelles masculines ont à ce jour bénéficié de plus d'attention. Mais ces recherches doivent se garder  de vouloir faire entrer les expériences sexuelles "dans un modèle avec une réponse unique et une seule voie pour le plaisir". Il s'agit de quitter le prisme d'un plaisir objectif et exclusif pour lui donner la souplesse de la subjectivité, l'observer sous ses aspects culturels et sociaux et le recadrer dans son rapport au monde par l'étude et la reconnaissance de ses liens aux autres sensations. Les chemins du plaisir sont multiples. La sexualité se vit sans objectif à atteindre : trouver le point G, l'obtention de l'éjaculation féminine. Nous sommes  à l'aube d'une toute nouvelle aire d'exploration pour les femmes elles-mêmes.
Anne Souyris

0 commentaires: